TRIO
du 22 février au 21 Avril 2022
atelier du dernier cri Friche la belle de mai
Nicolas Frémion est dessinateur, il vit et travaille à Briançon (05)
Hadrien Alvarez est peintre et dessinateur, il vit et travaille à Rodez (12)
Colette Stephens est graveuse et dessinatrice, elle vit et travaille à Rodez (12)
Le trio est une institution. Il a depuis longtemps fait ses preuves, symboliques et pratiques.
Stable parce qu’il permet distance et médiation; instable parce que, avec cette irréductible
altérité qui niche en son sein, il est un facteur de désordre, enrayant les tentatives de symétrie, cherchant sans cesse son centre de gravité.
Le trio, c’est cette stabilité intermittente, un moteur dont on parie qu’on saura compenser les ratés.
En musique, il est une forme depuis longtemps canonique.
On louche toujours vers la musique pour oublier qu’on est assis.
Et dans nos dessins à six mains (Mattt rappelle tout le temps :
« Trois ! Y’en a que trois mains qui dessinent... »), chacun à son instrument, on varie les styles.
Il y a du trio à corde dans notre association.
De la minutie, le goût de la structure, le souci un peu maniaque du détail.
Aussi un lyrisme un peu décadent et assez grotesque qui lorgne autant v
ers la musique de chambre, avec ses cordes boisées, que vers des cordes plus fétichistes.
Mozart découvrant que son clavecin renferme un cabinet de Shibari.
Mais il y a aussi du trio de jazz dans ces aller-retours, installés autour d’une grande table où l’on discute sans cesse les moyens et les rôles. Cette interaction studieuse et paillarde où les dessins germent, peu à peu, avec leur air bizarre et précieux, dans un pas de trois assis plus ou moins improvisé, vaguement balisé, sans que l’on sache très bien si l’on court à la merveille ou à la catastrophe.
Une procession pratiquement immobile.
Un goûter poisseux d’encre de chine.
Une guilde où chacun vient paufiner son geste.
Une communion hussarde où l’habitude est le foureau de la nouveauté.
De l’amitié, beaucoup d’amitié qui s’enracine dans le faire.